dimanche, janvier 29, 2006

Clément et l'énigme de Québec



The following text was posted as a reply to a text written by Clément Laberge here. It is about the "Québec City Enigma," i.e. why didn't Québec citizens vote for the Bloc Québecois, like everybody else in the province? Clément attempted a response. I added my grain of salt.

I am posting it here because ICTs are seen as an answer to the growing cynicism about politics in Québec, and Canada, for that matter.



Très cher Clément,

J'ai lu ton texte avec beaucoup d'intérêt... surtout que de mon côté, en Ontario isolé ;), j'ai essayé de comprendre ce qui se passe dans notre petite région de Québec. Pêle-mêle, donc, quelques réactions:

  • Je crois que tu as raison de dire qu'il est peu probable qu'on ait affaire à un phénomène de sagesse collective.

  • Toutefois, je ne suis pas certaine si je suis d'accord avec toi au sujet du «problème d'organes». En effet, je crois que les gens de Québec ont trop écouté les critiques superficielles et faciles d'un Jeff Filion, d'une mairesse Boucher, ou d'autres «grands politicologues» de leur espèce. Ce que je ne comprends pas, c'est la démographie du vote: pourquoi voit-on les jeunes, et les pauvres, voter pour la droite? Ça n'a AUCUN sens! Qu'ont-ils à gagner?
    Du côté des pauvres, il est compréhensible qu'ils en aient eu assez des promesses «petit-bourgeois» du BQ. Ils ont souvent des besoins plus criants que celui de faire la souveraineté. Pourquoi, par contre, ne se tournent-ils pas, comme on l'a vu historiquement, vers la gauche? À cet effet, qu'est-ce que le NPD n'a PAS compris de la situation québécoise?
    Du côté des jeunes, toutefois, c'est plus problématique. Qu'ils soient devenus cyniques par rapport au traditionnel BQ et qu'ils rejettent eux-aussi la gauche est incompréhensible. Tu parles de problème d'attitude au sein de la classe politique. Je crois qu'il y a aussi un problème d'attitude chez les jeunes de ma génération...

  • Je crois, tout comme toi, que la classe politique doit s'ouvrir aux vrais besoins des gens, et que les NTIC sont à cet effet un outil qui soit des plus pertinent. Or, il faut se souvenir du «digital divide», qui malheureusement laisse les exclus en marge de la révolution technologique. Toute stratégie d'intrégration des NTIC se DOIT de tenir compte des «laissés pour compte», d'autant plus qu'on se targe de valeurs sociaux-démocrates: au Québec plus qu'ailleurs, même.

  • Finalement, pour ce qui est d'une ligne de parti flexible, qui débute avec l'écoute de l'autre, ce serait l'idéal. Un antidote au cynisme, une promesse démocratique, un renouveau politique. Qui seront les artisans de ce nouveau mouvement? Quel groupe de gens vraiment spéciaux sera à même de réunir sous une même bannière des gens de croyances diverses? Quel leadership pour un tel parti? Quel mécènes? La réflection est certainement à poursuirvre pour emmener cette idée dans le domaine du faisable... et du fait établi!

  • Bonne chance à nous!
    ;)

    2 Comments:

    Blogger Jonathan Ruel said...

    J'ai écrit une petite réponse sur le carnet de Clément :

    Je suis de Bellechasse, dans la région de Chaudière-Appalaches (Montréalais d'adoption depuis plus de trois ans, exilé à Boston depuis cet automne), et mon comté a élu un député conservateur, ce qui ne m'a pas du tout surpris, pas plus que la vague conservatrice dans la région de Québec. Ce qui m'a étonné, par contre, est la vague de gens qui se sont déclarés surpris et les nombreuses analyses qui ont suivi, au risque de paraître simpliste, car je ne crois pas que les gens de la région font plus de calculs politiques ou de meilleurs que les autres. Je m'explique.
    Depuis que je sais ce que sont la gauche et la droite, il ne fait pas de doute que ma région est conservatrice. Les témoignages en sont nombreux (et Clément en mentionne quelques-uns) : élections provinciales et municipales, paysage radiophonique particulier, résultats du référendum de 1995 (bien que l'association gauche - souverainisme ne soit pas a priori automatique, il me semble qu'on la retrouve souvent en pratique... corrigez-moi si j'ai tort), mais aussi ce que je sais et entends de ma famille étendue, de mes amis du secondaire, des gens qui y vivent.
    De plus, il semble y avoir un lien troublant entre conservatisme et prospérité. À ce chapitre, je ne connais pas les statistiques récentes, mais je sais qu'il y a quelques années à peine Chaudière-Appalaches était la région du Québec où l'on retrouvait le taux de chômage le plus bas et aussi le taux de criminalité le plus bas, lorsqu'on excluait les crimes liés à la conduite d'un véhicule (pour lesquels les beaucerons ont une propension proverbiale! je ne sais pas exactement comment ça se reflète dans les chiffres.) Que dire de l'Alberta qui est si prospère et conservatrice? Et des États-Unis? Je ne saurais pas indiquer la cause et l'effet, et je ne sais pas si c'est vraiment important ici, mais je voulais faire la remarque. Peut-être est-ce plus facile de dire « Ils ont juste à travailler, pis qu'on vienne pas me couper ma paye pour des BS.» quand on a toujours travaillé et que le taux de chômage est bas, donc les emplois plus disponibles?

    Tout ça pour dire que je ne suis pas étonné des résultats de l'élection. Maintenant, si on me demande pourquoi la grande région de Québec est plus à droite que les autres, je ne sais pas trop quoi répondre... encore une fois, la cause et l'effet s'entremêlent. Écoute-t-on CHOI parce qu'on est à droite ou devient-on plus à droite parce qu'on écoute CHOI? Même question pour la prospérité. Il y a probablement une sorte de cercle vicieux ici, qui sait?

    Pour ce qui est de la question d'Elise : pourquoi les jeunes et les pauvres voteraient-ils pour la droite?, je vais tenter une réponse qui tient vraiment de mon expérience dans ma région et pas vraiment à Québec où j'ai côtoyé un milieu plutôt étudiant que travailleur. Encore une fois, je ne m'appuie sur aucune statistique.

    À ma connaissance, il n'y a pas de pauvreté vraiment « structurelle » dans ma région, soit de poches de pauvreté où l'on naît et grandit sans en sortir. Il semble y avoir une grande mobilité sociale, étant donnée l'abondance relative d'emplois ne nécessitant pas de formation élaborée. La pauvreté qu'on y trouve est souvent liée à des mauvaises habitudes de consommation, soit à la surconsommation et au matérialisme. Et pour une raison obscure, les jeunes (qui vont vieillir et ne pas changer leurs habitudes!) sont très consuméristes. Encore une fois, difficile de cerner la cause et l'effet, mais à cela se combinent souvent des connaissances politiques et historiques limitées et une approche généralement détachée et parfois superstitieuse plutôt que réfléchie de la religion.

    C'était donc mon petit point de vue. J'espère qu'il apportera des éléments nouveaux à la discussion.

    1/30/2006 12:41 p.m.  
    Anonymous Anonyme said...

    Dans une même lignée d'articles sur le particularisme de Québec... un petit quelque chose sur le référendum de 95 ici.

    1/31/2006 9:15 a.m.  

    Publier un commentaire

    << Home